LA TRANSITION DES POUVOIRS : Conference du Professeur Denis A DEGTEREV
Cette analyse du Professeur DEGTEREV porte sur le système des relations internationals en temps de paix. Ce système intègre de plus en plus les caractéristiques d'une "nouvelle bipolarité" (États-Unis-Chine), tandis qu'en période de guerre trois pôles – États-Unis, Russie et Chine – se détachent clairement, comme le confirment les données empiriques sur les relations de pouvoir. Selon la théorie de la transition de puissance d'A.F.K. Organski et d'autres, la transition de puissance mondiale des États-Unis vers la Chine a commencé lorsque la capacité de la derniere a atteint 80% et se terminera lorsqu'elle aura atteint 120%. Cette période de transition s'accompagnera d'une instabilité mondiale, de la réticence des forces du statu quo (l'Occident collectif) à céder leur hégémonie et d'un regroupement des forces (Charte de l'Atlantique 2.0). Dans le même temps, les pays insatisfaits du statu quo – monde non-occidental ( Russie, Chine, et autres) façonnent progressivement leur pouvoir structurel (selon Susan Strange). Dans le domaine de la sécurité la coalition non-occidentale s'appuie sur l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective au lieu de l'OTAN, dans le domaine de la finance il s’agit de la Banque Asiatique d'Investissement dans les Infrastructures et des monnaies numériques des banques centrales en plus des instituts des Bretton Woods et du système du dollar, ainsi que dans le domaine de l'économie et de la connaissance. Dans le cadre de la "nouvelle bipolarité" deux blocs se cristallisent progressivement. La discipline des blocs se renforce et le découplage (rupture) se développe tant dans les sphères technologique, économique, politique qu'idéologiques. En fait, deux systèmes parallèles de gouvernance mondiale sont en train de se former, qui s'excluent largement l'un l'autre. Le pouvoir structurel non occidental doit passer l'épreuve du temp aux conditions du monde réel. Le continent Africain est une sorte de test de résistance pour le pouvoir structurel non occidental, notamment dans le domaine de la sécurité. Contrairement aux autres continents, le découplage en Afrique prend souvent une forme violente. Le choix du pôle technologique et économique est plutôt secondaire.