IBK, ATT, SBM, SOUMAILA : DES HOMMES QUI AURAIENT PU VIVRE ENCORE.
En l’espace de deux ans, le Mali a perdu 4 figures importantes de sa vie politique.
Ces décès qui ont meurtri tout le Mali, sont aussi révélateurs de lacunes de notre système de gouvernance.

Le 25 décembre 2020, décédait à Paris, où il fut hospitalisé, Soumaila Cisse leader de l’opposition politique malienne. Cela s’est produit quelques semaines seulement après le décès de l’ex-President Amadou Toumani Toure le 10 novembre 2020, qui s’était rendu à Istanbul pour des soins, avant de regagner le Mali.
Le 16 janvier 2022 partait l’ex President Ibrahim Boubacar Keita, quelque temps après ses soins aux Émirats arabes unis.
Et tout récemment, les proches de l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, avait sollicité son « évacuation d’urgence à l’étranger pour des soins », avant son décès, survenu lundi 21 mars 2022.
Ces décès, à l’exception du dernier qui a fait l’objet d’une intention, ont tous été précédés de voyages vers un pays étranger, pour des soins médicaux.
Ces événements malheureux mettent la lumière sur certaines défaillances d’un demi-siècle de gouvernance, et jettent par la même occasion, l’opprobre sur le système de santé malien, fruit de cette gouvernance…
Au cours des 60 dernières années. Nous avons certainement manqué à au moins, 3 impératifs.
Le premier : l’éducation (formation de qualité, modernisation, filières en adéquation avec la demande, financement de recherches scientifiques, etc.)
Le second : La santé (Sacralisation du secteur et donc recrutement de personnels qualifiés, Santé-environnement, Santé des Personnes, etc.)
Le troisième : Sécurité (contrôle multiple et multiforme des financements des secteurs de développement, sécurité des infrastructures, du territoire, des personnes et de leurs biens).
Selon les données récentes de la banque mondiale, l’espérance de vie moyenne au Mali est de 59 ans.

Notre pays, au bout de 62 ans d’indépendances, n’a pas encore pu établir un système de santé fiable. Les carences dans ce secteur sont nombreuses :
– Privatisation incontrôlée du secteur
– Défaut de financement
– Défaut de compétences/recrutement de personnels non qualifiés
– Corruption
– Disponibilité territoriale des services non conformes et en dessous des standards internationaux.
Pour ne citer que ceux-ci.
En 2017, un rapport du Vérificateur général révélait que près de 257 établissements de santé privés répertoriés à Bamako et Sikasso ne disposaient pas de licence.
De même, une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révélait que « près de 17,2 % des structures de santé au Mali ne sont pas ou sont partiellement fonctionnelles. »
Quant au problème de compétence, le Dr Modibo Doumbia, président de l’Ordre des médecins du district de Bamako a révélé, au cours de l’assemblée générale du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), les rapports de plusieurs usagers qui estiment avoir été victimes d’une faute médicale.
Selon lui « l’avenir de la santé est inquiétant au Mali. Certaines écoles forment des pharmaciens sans le baccalauréat et des médecins sans faire le premier cycle des études médicales. »
Nos anciens dirigeants, victimes, au même titre que tous les Maliens, ont, contrairement à ces derniers, une responsabilité capitale dans cette situation, du fait, soit de leur aveuglement, ou de leur négligence.
Tant qu’on forme et recrute n’importe comment des agents de la santé… Il va de soi que les maliens se posent la question, avant consulter un médecin, si leur prochaine destination ne serait pas la morgue.
Ceux qui ont les moyens se soignent ailleurs. Mais c'est une option temporaire. La réalité les rattrapent toujours. Car, il ne suffit pas de se soigner à l'étranger pour être en bonne santé, il faut également vivre dans un environnement sain. [Voir vidéo reportage sur la situation sanitaire a Bamako ]
La santé est un ensemble.
Et au Mali, l'insalubrité tue plus de monde que la guerre..
Il faut en être conscient, sensibiliser davantage notre communauté, et mettre au point notre système de santé.
Oumar SIDIBE
Sources :
JSTM
Données OMS
Données Banque Mondiale
Reportage Video Oumar SIDIBE.