DEUX AMALGAMES SUR LES ASSISES NATIONALES

Les assises nationales de la refondation sont une initiative du gouvernement pour dégager, avec les forces vives de la nation, des pistes de solutions aux problèmes majeurs de notre pays.
Cette initiative est en cela salutaire et pertinente.
Par contre, j'ai entendu quelques fois, à propos de ces assises que "les Maliens y prendront des décisions essentielles concernant notre pays".
Cette affirmation a été plus ou moins prononcée par certaines personnalités officielles et non-officielles du pays.
Elle révèle deux amalgames.
Le premier, c'est de donner aux assises un caractère décisionnel et exécutoire.
Or, on ne peut donner aux assises, les mêmes compétences qu'un referendum. Les assises ne peuvent avoir et n'ont qu'un caractère consultatif.
Le deuxième amalgame, c'est d'attribuer au peuple, toutes les résolutions de ces assises.
La question que je me pose ici, est la suivante:.
Peut-on mesurer le taux de participation du peuple aux assises ?
Au niveau national, même si les assises ont pu réunir un grand nombre de participants issus d'organisations de la société civile, de groupements religieux et de partis politiques, cela ne représente qu'une infime partie du peuple.
De même, les assises ont été boycottées par une frange de la classe politique et d'autres acteurs, issus de groupes religieux et de la société civile.
À l'international, tous les pays abritant des Maliens n'ont pas été inclus au processus. Certains pays ont été exclus, en raison du nombre de résidents maliens, jugé faible.
Cela rend également questionnable le caractère inclusif des assises.
Il faut donc éviter ces amalgames et qualifier les assises nationales telles qu'elles sont.
C'est-à-dire, une initiative officielle consultative de différents acteurs civils, politiques et religieuses du pays (et non du peuple), sur des sujets d'intérêt national, en vue de dégager des pistes de solutions (et non de trancher ces questions en décidant quoi que ce soit).
L'acte de décision appartient à l'exécutif. Et cette décision peut en effet, comme ce fut le cas souvent, se reposer sur les recommandations des assises nationales.