De la nécessité de communiquer et de mieux communiquer

Jeudi dernier, un véhicule civil a explosé sur une mine artisanale dans la région de Badiangara. Ce drame a coûté la vie à une dizaine de civils. Je souhaite, avant de poursuivre, présenter mes condoléances à l’État malien et aux proches des personnes décédées.
Les Forces armées maliennes (FAMA) tout en condamnant l’acte, ont accusé la Katiba du Macina, de l’avoir orchestré. La MINUSMA également a fait un communiqué dans lequel elle a condamné l’acte.
Mais qu'en est-il de la population locale. Comment a-t-elle vécu ce drame ?
Au cœur du deuil et de l’incompréhension, il y’avait aussi de la colère.
Mais elle n’était pas dirigée seulement contre les auteurs de l’acte. La Minusma était aussi visée.
Des rumeurs qui me sont parvenues de certains habitants de la localité faisaient état de la présence de certains Casques bleus quelques jours avant le drame.
D’ailleurs celui qui m’en parlait avec autant d’insistance m’indiquait que la population locale, très remontée contre la MINUSMA, soupçonnait son implication et ne demande désormais qu’une chose… son départ du Mali.
J’ai accordé du crédit à sa déclaration, mais lui ai cependant posé une question. À savoir, s’ils étaient certains que ces hommes aperçus en Casque bleu étaient réellement de la mission onusienne ?
Cette question mérite d’être posée. Une enquête du journal Le Monde, révélait en 2021,

vidéo à l’appui, l’utilisation par les terroristes de faux uniformes et camions des Nations Unies.
Hélas, les populations locales ne sauront certainement pas faire la différence.
Faut-il rappeler que les FAMAS en ont été victimes également?
Cette méthode machiavélique donne malheureusement un avantage aux groupes terroristes. Celui d’installer la confusion, de laisser les rumeurs éclore et renforcer la méfiance, susciter la colère et conduire finalement à l’hostilité et au rejet des forces de protection des populations, par ces dernières elles-mêmes.
La communication joue certainement un rôle central dans la quête de stabilisation du Mali.
Il faut davantage communiquer mais surtout, mieux communiquer, avec les populations locales. Cela implique de ne négliger aucune rumeur et d’y répondre clairement, avec les bonnes informations.
Oumar SIDIBE