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2 blocages majeurs à l'application effective de L'accord issu du processus d'Alger



6 ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, la communauté internationale s’impatiente, la CMA, Koulouba et désormais le CNT, s’accusent mutuellement, mais restent sourds à l’opinion du Peuple.


Un accord pour les Maliens ou exclusivement, pour les signataires ?


L’accord d’Alger n’a pas un problème d’application, il s’applique d’ailleurs. Il a cependant, un problème de légitimité et de pertinence de certaines de ses dispositions.


Selon un sondage de la Fondation Friedrich Ebert stiftung : 57,2 % des Maliens sont favorables à la relecture de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.


On peut aisément constater que malgré les multiples campagnes d’information et de sensibilisation, cet accord reste désavoué par une majorité de Maliens.


Cette opposition est pourtant l’opportunité d’apporter une correction majeure à ce processus.


En effet, le processus d’Alger a eu dès le départ, un défaut « d’inclusivité ». Non pas seulement des personnes, mais aussi des opinions.


On voulait préparer la paix, mais par précipitation on est aujourd’hui à un doigt de la manquer.


« L’inclusivité » auquel on fait souvent référence pour parler de cet accord ne peut factuellement lui être imputé. Une composante essentielle a toujours manqué à ce processus. C’est le peuple, le Malien lambda.

La rébellion s’est faite ; émissaire des populations du Nord et l’État central qui sera plus tard renversé, par un coup d’État n’a jamais su gagner la confiance de ceux au nom desquels il s’exprimait.


Exceptés, les signataires de l’accord et quelques organisations de la société civile malienne, les Maliens dans leur grande majorité du Nord comme du Sud, n’ont pas eu leur mot à dire.


Je me rappelle d'ailleurs, qu'au moment de l’élaboration de l’accord, en mai 2015, j’ai été invité à l’hôtel El Farouk à Bamako, comme d’autres jeunes pour formuler des recommandations sur l’accord, au nom des jeunes du Mali.


La plupart de nos observations, notamment sur le referendum et le problème d’inclusivité, n’ont pas été associées au document décisif qui a été présenté en notre nom.


Si l’accord n’a pas tenu compte de l’opinion des "Maliens", quel soutien peut-il espérer de ces derniers ?


Un accord « imparfait », un diagnostic perfectible


Toutes les parties s’accordent à dire que l’accord est « imparfait » du fait que c’est la somme des compromis de chaque partie. S'il est imparfait, il demeure tout de même perfectible.

L’accord d’Alger part de certains postulats historiques ethniques et politiques erronés de la crise malienne. Or, c’est sur la base de ces postulats qu’il donne des solutions de sortie de crise.


L’accord dans certaines de ses dispositions, conteste les principes de paix et de souveraineté qu’il garantit en disposition préliminaire.


Pour ne parler que de quelques points...


L’accord donne l’exclusivité de la pauvreté et du sous-développement aux régions du nord. La région la plus pauvre du Mali, Sikasso, n’est pas au Nord. Elle est au Sud.

Si le Mali dispose déjà d’une police nationale, quel est donc l’intérêt d’avoir une police territoriale ? N’est-il pas possible de revoir ou d’élargir les compétences du premier ?

De même, la régionalisation qui est une bonne chose en principe, peut poser problème dans le contexte malien. On ne peut négliger la "quasi-absence" de l'Etat et la montée de l’extrémisme violent dans certaines régions du nord et du centre.


Dans des régions encore terrorisées par des djihadistes, ces derniers auront forcément une influence sur les processus électoraux. En ce sens, ne risquons-nous pas de favoriser l’émergence d’une "région Émirat" au Mali ?


Autre chose, l’imposition de quota de ressortissants du nord dans tous les appareils d’État est une disposition cosmétique, mais aussi discriminatoire des autres communautés maliennes.


On ne construit pas la paix avec des quotas. On construit la paix avec des femmes et des hommes compétents et de bonne foi.


Des dispositions comme ceux-là, dans le contexte actuel, sont impertinentes, inutiles et/ou budgétivores, mais surtout dans le long terme, ne créeront qu’injustice, frustration et conflit.


Faut-il ouvrir la boîte de pandore ?


Pourquoi exclure cette possibilité ? L’accord prévoit en lui même les modalités de sa modification. Ce n’est ni la Torah ni le Coran. Et tant mieux.


Il est bien possible d’avoir moins de compromis et plus de convergences dans la mesure où les principes fondamentaux sont respectés par toutes les parties.


Reste à réétudier les dispositions anticonstitutionnelles et appliquer l’accord en tenant compte du contexte politique social et sécuritaire actuel.


Mais attention, à ne pas répéter le péché de l’impatience. Il faut décharger la transition du fardeau supplémentaire qu’il s’est porté volontaire à porter, en dépit de sa mission principale d’organisation des élections.


Récemment, des débats et séances d’informations sur l’accord se sont déroulés au sein du CNT.


Un sujet aussi sensible que l’application effective de l’accord d’Alger, de mon point de vue, requiert une forte légitimité, et surtout les préalables susmentionnés. Légitimité faisant clairement défaut à la transition qui, si elle apporte un quelconque changement à ce processus, ne fera qu’accroître les risques de tensions et de contestations.





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